Ce que l’IA peut changer dans le médico-social

L’intelligence artificielle (IA) a déjà fait irruption dans le secteur de la santé. Recherche médicale, opérations assistées, consultations à distance… sont quelques-uns des champs d’application déjà investis. Mais qu’en est-il dans le médico-social ? Comment l’IA peut-elle faire gagner du temps aux professionnels ou permettre d’innover dans la prise en charge des patients ? L’UDSM fait le point.

© image créée avec de l’intelligence artificielle

Les chiffres donnent le ton. Selon l’étude OpinionWay, réalisée pour Lenovo et publiée en juin 2025, 37% des Français voient l’intelligence artificielle (IA) comme une menace, 28%comme une opportunité et 35%comme un simple outil parmi d’autres. D’un côté, elle suscite la curiosité et l’enthousiasme ; de l’autre, elle questionne et engendre une certaine méfiance. Ainsi 55% des personnes interrogées redoutent des dérives, 41% craignent une déshumanisation des échanges et 38% évoquent les risques liés à la sécurité des données. Dans le même temps, en entreprise, les Français identifient clairement le potentiel de l’IA : pour 75%elle peut favoriser l’innovation et pour 71%elle améliore l’organisation du travail.

Un coup d’accélérateur à l’innovation

Le secteur de la santé a déjà adopté l’IA. L’exemple le plus évident : le développement de la consultation à distance depuis la pandémie de Covid-19. Si moins de 5% des médecins généralistes, installés en France, proposaient la téléconsultation à leurs patients avant 2020, ils sont 75% à le faire aujourd’hui… L’industrie pharmaceutique s’y met aussi et injecte de l’IA notamment dans la R&D, les essais cliniques, la fabrication et la production de médicaments, la pharmacovigilance et autre gestion des risques… Conséquences : cela permet non seulement de diminuer les investissements, mais surtout cela donne un coup d’accélérateur à l’innovation. Même dynamique dans la prise en charge des personnes malades : l’IA peut utiliser des données génomiques ou comportementales pour adapter des traitements à des besoins spécifiques, faciliter le suivi d’un patient à distance ou encore délivrer des informations médicales ciblées aux professionnels… Enfin, avec l’IA, les produits de santé numérique peuvent générer des applications mobiles, la mise en place de capteurs connectés ou de dispositifs intelligents pour l’administration des médicaments, la programmation de suivi de traitements, des solutions de réalité augmentée ou virtuelle pour former les praticiens… À ce rythme, allons-nous vers une « IA-isation des tâches » en santé publique ? La question mérite d’être posée à l’heure où 55% des individus estiment que l’IA apporte plus d’avantages que d’inconvénients, selon une étude menée par l’Institut Ipsos en 2024, dans 32 pays. En Chine, en Indonésie et en Thaïlande, le résultat dépasse même les 75%.

Davantage de temps pour l’interaction directe

À ce jour, qu’en est-il de l’IA dans le secteur médico-social ? Des liens se tissent progressivement entre les deux univers. Avec, en ligne de mire, des opportunités pour améliorer l’efficacité et la qualité des soins, anticiper les besoins, optimiser les processus et autre gestion des ressources. À titre d’exemple, l’intégration de l’IA dans des structures d’accueil de jour peut permettre créer des environnements plus interactifs et stimulants pour les résidents. Des solutions basées sur l’IA peuvent générer notamment des activités récréatives personnalisées et, ainsi, améliorer le bien-être émotionnel des résidents. Par ailleurs, l’IA peut faciliter la gestion administrative des structures d’accueil, en automatisant des tâches comme la planification des activités, la gestion des rendez-vous et le suivi des besoins de chaque résident. Le personnel peut alors se consacrer davantage à une interaction directe avec les personnes accueillies. Le tout en vue d’une meilleure qualité des soins et de prise en charge. Mais l’IA ouvre aussi de nouveaux horizons en termes d’aide aux personnes en situation de handicap : reconnaissance vocale, vision par ordinateur ou autres prothèses dites « intelligentes » peuvent, en effet, améliorer leur autonomie. Un bémol toutefois : l’arrivée de l’IA soulève quelques questions, notamment quant à la protection des données personnelles et la formation du personnel. Pour y voir plus clair et trouver des éléments de réponses à ces interrogations, l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) vient de publier un guide (1) pour accompagner les professionnels du secteur sanitaire et médico-social dans le déploiement de l’IA. Cet ouvrage passe en revue les concepts à maîtriser pour comprendre l’IA, les principes de transparence et de gouvernance adaptés au contexte sanitaire, les bonnes pratiques pour une mise en œuvre respectueuse des données, ainsi qu’une série de témoignages et retours d’expérience concrets d’établissements ayant franchi le pas.

Le besoin d’un accompagnement pédagogique

L’envie d’explorer l’IA est bel et bien là. Selon l’étude OpinionWay réalisée pour Lenovo, 37% des Français interrogés en 2025 voient l’IA comme « un outil de simplification du quotidien ». Toutefois, un besoin ressort nettement : celui d’un accompagnement pédagogique, afin d’apprivoiser au mieux cette autre intelligence… Sur ce point, les Français plébiscitent des formats accessibles, tels que des tutoriels en ligne (55%), des vidéos courtes explicatives (50%), des expériences interactives (51%) ou encore des conférences et débats sur l’impact de l’IA dans notre société (44%). Ces attentes font écho à un marché global de l’IA, dans le monde, qui devrait atteindre les 740 milliards de dollars en 2030. Soit une croissance annuelle de 30%. Même accélération en Europe, où le marché de l’IA représente un cinquième du marché mondial et devrait atteindre une valeur de 206 milliards de dollars en 2030. Dans un tel contexte, il devenait urgent de poser un cadre. C’est chose faite depuis le 1er août 2024 avec l’entrée en vigueur de l’AI Act, qui fait désormais de l’IA un produit réglementé dans toute l’Union européenne.

guide disponible sur : www.anap.fr